Le 18 juillet dernier, l’Union européenne a décidé de supprimer prématurément les subventions attribuées à l’exportation des poulets congelés. Cette décision risque de mettre en péril toute la filière de l’aviculture déjà en grande difficulté.
Surprise et colère des volaillers français
Ces subventions, sous forme de restitutions, permettaient aux exportateurs de poulets congelés de maintenir des prix de ventes bas et ainsi de rester compétitifs face à la concurrence mondiale. L’année dernière les subventions se sont élevées à 55.36 millions d’euros, dont la grande majorité (93%) à destination exclusive de la France, qui réalise 95% des exportations concernées. Ces subventions de la PAC devaient initialement être maintenues jusque fin décembre 2014, date de l’entrée en vigueur des nouvelles réformes de la PAC. Le secteur s’attendait à l’arrêt de cette subvention mais pas dès maintenant. Ce qui provoque d’ailleurs leur colère.
Les volaillers français concernés sont principalement les deux groupes Doux et Tilly Sabco. Doux en redressement depuis un an, doit présenter son plan de continuation; et le groupe Tilly Sabco venait d’investir 21 millions d’euros dans des nouvelles machines plus productives. Cette décision brutale ne leur permet pas de se préparer à ce manque de subventions inattendues, et c’est l’ensemble de la filière qui est menacée, soit environ 2000 emplois.
Les explications de l’UE
La Commission européenne estime « qu’il s’agit d’une mesure de gestion prise en fonction des conditions de marché ». Pour Bruxelles, le marché de la viande de volaille est un marché dynamique, en croissance de 44% depuis 2008. Ainsi la suppression des subventions correspondrait à un rééquilibre des conditions du marché.
C’est une tout autre vision que défend la Confédération française de l’aviculture (CFA). Pour la Confédération, « La Commission européenne a une vision erronée quand elle dit qu’on peut exporter sans subvention ».La CFA défend les producteurs français : les coûts de production de ces derniers sont en hausse constante alors que ceux de leurs concurrents directs notamment le Brésil, ont des coûts de production bien inférieurs. Ces aides financières à l’export sont essentielles pour les entreprises françaises : sans les subventions, il sera très difficile de concurrencer les producteurs mondiaux. La CFA a donc fait appel au gouvernement français pour intervenir et trouver une solution.